La procrastination pourrait être un marqueur fort pour révéler de la multipotentialité. En la reliant à la fainéantise (alors qu’elle est à relier à la peur et l’ennui), vous passez à côté des qualités qu’elle camoufle.
Vous allez peut-être lire cet article parce que vous procrastinez. Ou parce que vous avez un.e procrastinateur.trice qui vous rend dingue. Dans les deux cas, vous y trouverez votre compte. Arrêtons donc cette schizophrénie entre productivité et procrastination. Elle a pour seule conséquence de stigmatiser les comportements..
Procrastination versus productivité, vraiment ?
L’époque ne jure que par la productivité (et l’urgence)…. La majorité de la littérature de “gestion”* du temps porte sur elle. Le traitement de la procrastination commence à atteindre un niveau respectable. Mais il s’agit très souvent de savoir “comment la tuer”, “comment ne plus procrastiner etc”… parce que, entendons nous bien, c’est “MAL”.
En 2014 des articles proposaient même un “processus de guérison” pour soigner sa procrastination (SIC!).
Et si nous y mettait un peu de nuances ?
En mode binaire la proposition est la suivante : Si une personne n’est pas en mode “productivité”, alors c’est qu’elle est im-productive ?
Bienvenue aux “névroses”et à la sensation d’avoir loupé le train de la “norme”. Avec le temps les personnes arriveront peut-être même à développer un sentiment d’imposture.
Or comme tous les mouvements de masse sur un sujet, il est clairement indiqué que dans quelques années le mouvement contraire sera adulé.
Nous pouvons donc attendre, ou accélérer le mouvement en proposant une autre posture : regarder les qualités des uns qui font potentiellement défaut aux autres, et vice et versa.
Mon propos ici n’est pas de juger. Je questionne les motivations quand le rythme est subi et non pas choisi. C’est valable pour la vitesse, et aussi pour la lenteur. D’ailleurs.
La procrastination révélatrice de multipotentialité, zébritude ?
La procrastination est le marqueur d’avantages non négligeables (multipotentialité, zébritude, surefficience, besoin de sens, esprit Renaissance…).
UN : le cerveau des procrastinateurs est hyper-connecté
La procrastination survient parce que le cerveau pense à trop de choses ““en même temps” — une expression qui revient souvent dans le langage. Les procrastinateurs vont enchaîner les sujets les uns après les autres en faisant parfois des sauts de cabri. Le résultat, des heures passées sur Internet sans voir passer le temps. Et des idées qui volent dans tous les sens. Ils font aussi des veilles sur des sujets très spécifiques en les abordant sous de nombreux angles et mettent les choses en perspective et jouant sur les nuances. Riche, non ?
C’est ce que j’appelle“faire l ‘éponge” et en général cela implique tous les sens. Cette suractivité est fatigante. Même pour les personnes pour qui c’est le quotidien.
D’où le besoin de faire un break à un moment donné.
Pour se recharger.
DEUX : Les procrastinateurs ont une organisation visuelle ou autrement dit, horizontale
Un indice ? Le nombre de documents “assez” conséquent qui s’entasse sur le bureau. Schéma qui se reproduit sur l’écran d’ordinateur.
Le mode dossiers et sous dossiers n’est pas pensé pour des personnes visuelles. Ils font disparaître les documents, ce qui revient à les fait oublier.
La bonne organisation pour un visuel ou une visuelle ? Plutôt en étoile et à plat.
Quant au bon niveau et mode d’organisation c’est celui qui va faciliter — en priorité — notre propre vie.
Il ne faut pas hésiter à adapter son environnement au regard de cela. Quoi qu’en pensent les autres.
TROIS : Les procrastinateurs ont une vision globale — ET se projettent dans le futur
Avoir une vision globale permet de construire l’articulation d’un projet en contexte, en incluant l’ensemble des parties prenantes.
Avec cette vision ils vont se projeter dans le futur. Cela leur permet de détecter – en première instance – des problèmes invisibles pour les autres.
Un gain de temps inestimable, si et seulement si ils parviennent à expliquer ce qu’ils ont vu de manière logique et séquentielle.
Le risque c’est qu’à trop voir un projet de manière globale il est parfois impossible de trouver comment l’attaquer et qu’à trop voir le futur, ils.elles risquent de se désintéresser du présent.
La solution pour s’y mettre ? Revenir au présent, et détailler la masse en petits morceaux (tâches) pour commencer à avancer.
QUATRE : le procrastinateur est perfectionniste
C’est aussi un avantage, …lorsqu’on a appris à jouer avec.
Les procrastinateurs doivent s’entourer d’une personne capable de leur dire “STOP’ quand ils poussent le détail un peu trop loin, et que la deadline approche à grands pas.
CINQ : Les procrastinateurs ne sont pas QUE procrastinateurs
Quand un sujet plait au procrastinateur et/ou qu’il se met à travailler il plonge tête baissée. Il abat un travail monstre et creuse les sujets.Très loin du dogmatisme, il ou elle ne se contentera pas de trouver UNE solution ou UNE méthode comme étant LA réponse, il fera le tour de la plupart des solutions existantes. Il va opérer des connexions inédites, trouver des synergies et penser la complexité (un qualité requise pour le manager/entrepreneur du XXIe sièce).Là ou le bât blesse, c’est que les procrastinateurs font passer ces sujets qui les passionnent AVANT d’autres tâches évaluées plus rébarbatives (par eux) et qu’ils vont ensuite les traiter en mode “critique”.
Dans un collectif ça n’est pas bien vu, et parfois même pas très sympa, à vrai dire. Cela génère des états de stress assez épuisants, même quand ils sont seuls sur leur projet.
A noter aussi qu’approcher les sujets dans leur transversalité est une source d’innovation et de créativité.
Tout n’est pas que glamour et paillettes
La procrastination est aussi le marqueur de difficultés liées à ce mode de fonctionnent. Certains la connecte aussi maintenant avec la dépression.
Mais, dites moi, …quand vous avez le cerveau hyper connecté et qu’au lieu d’avoir la curiosité de regarder POURQUOI vous fonctionnez ainsi la société vous impose la ‘norme” et on vous fait des remarques sur votre « fainéantise » depuis très longtemps, il y a de quoi frôler la déprime, non ?
Admettons que les personnes qui entourent le procrastinateur n’‘aient pas eu les moyens ni l’information de savoir ce qui se passe dans son crâne.
Maintenant ça n’est plus le cas.
Bon, et maintenant, quoi faire de cette procrastination ?
Le procrastinateur sera donc totalement adapté au monde qui l’entoure quand des fonctions transversales et la pensée complexe seront mises en avant. Car avec leur tendance à l’expertise en mode “Renaissance” (aka transversale) ils sont beaucoup moins équipés pour les silos et la spécialisation métier.
Le défi : trouver un équilibre entre les différents modes de fonctionnement en intégrant toutes les approches. En mode collaboratif.
Que personne n’impose son organisation pour que tout le monde bénéficie des avantages de celle des autres.
Que ce soit vous qui procrastiniez ou une personne dans votre entourage qui vous rend DINGUE à repousser au lendemain, s’amuser des différences, noter le positif et le complémentaire et jouer sur le collaboratif sera toujours plus constructif que de stigmatiser ou d’aller au conflit sous prétexte que l’un ou l’autre aurait raison. Il faut (vraiment) mettre de côté le mode binaire “c’est bien” — “c’est mal”, prendre le temps d’aller chercher les nuances, suspendre son jugement, et entrer dans la jeu de la pensée complexe et créative. En y mettant un peu d’humour, c’est même l’occasion de passer un bon moment !
J’invite aussi à reconnaître et à choisir les moments de procrastination, ce qui revient à la structurer et à la chérir quand le besoin s’en fait sentir car elle est aussi une condition de la créativité.
Il est aussi possible de s’amuser à la contourner quand il est nécessaire d’en sortir. C’est la magie du cerveau : vous pouvez lui jouer des tours !
En prendre soin est quasi vital pour ne pas finir en burn/bore-out et l’expliquer permettra d’éviter remarques et souffrance. Diffusons l’info à son sujet pour soulager d’autres personnes.
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